Lorsque j’ai passé ma maîtrise en Arts et Technologie de l’Image (3D et images numériques), je n’ai pas eu un mémoire à soutenir mais un projet. Mon projet était un DVD de jeux pour enfants sur le thème des Fabulettes d’Anne Sylvestre.
J’avais réalisé 2 petits clips 3D d’une minute sur les chansons Mouchelette et Hérisson. Honnêtement, c’était loin d’être aussi bon que les productions de certains de mes camarades, bien plus doués que moi en 3D. Et pourtant, j’ai eu une des meilleures notes… Mais pourquoi ?
J’avais mis en scène les clips dans une interface de DVD. Une interface très simple où chaque chanson ouvrait sur une section de mini-jeu. Le projet final devant inclure une 4-5 de clips, la page d’ouverture du DVD de jeu s’ouvrait sur des boutons au nom de chaque chanson.
Ma cible étant de jeunes enfants jusqu’à l’âge de 6-7 ans, l’interface devait être utilisable sans savoir lire. Chaque bouton était donc illustratif. Puis pour faciliter encore, chaque bouton d’interface était “parlé”. Le bouton “quitter” disait par exemple “Quitter le jeu” quand on passait dessus. Pour choisir les univers de jeux, j’avais choisi des bruitages. Un bourdonnement pour l’univers aérien, une coassement pour l’univers aquatique, un meuglement pour l’univers campagne, etc. L’idée n’était pas d’une originalité folle mais c’était plutôt marrant pour les enfants et pouvait leur rappeler les tableaux d’activité (et donc leur faciliter l’utilisation d’un support numérique grâce au skeuomorphisme).
Arrive la soutenance. Un moment sérieux devant des professeurs d’Université. J’étais bien entendue assez stressée et désireuse de montrer l’exhaustivité de mon travail. L’obtention de ma maîtrise dépendait à 90% de cette soutenance : on n’était pas là pour s’amuser.
Après avoir montré les clips, j’ai laissé la main au jury pour qu’il teste l’interactivité… Et ces profs d’Université ont passé 5 min simplement à appuyer sur les boutons pour faire des bruits d’animaux… En rigolant. L’assistance se marrait bien aussi. C’était fun, un peu bête et régressif mais ça marchait.
Sur le moment, ça m’a vraiment étonnée. Maintenant, j’appelle ça l’effet lol. En droite ligne avec les vidéos de gens qui chutent, les lolcat et les Minions. Parfois, c’est bête, mais ça marche.
Bien sûr, il faut savoir adapter ça à la marque ou au sujet présentés dans l’interface. Une marque de pompes funèbres n’est pas légitime sur un effet lol. Mais en fonction du territoire de marque, et en sachant ajuster le curseur subtilement, beaucoup d’interfaces peuvent bénéficier de l’effet lol pour créer une connivence avec leurs utilisateurs.